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Les  Forts

et

les  faibles

  40.000 ans  de  domination  sociale

 

 

Bienvenue !

 

 

 

 

Je fais partie de celles et ceux, de plus en plus nombreux, qui souhaiteraient construire une tout autre société que celle qui nous est proposée ou imposée. Pour y contribuer, j'ai voté, manifesté, contesté, pour me rendre compte un jour que quelque chose me faisait particulièrement défaut.  C'était de comprendre ce qui s'était passé jusque-là pour arriver à une pareille situation.

 

Après beaucoup d'autres, j'ai cherché à mon tour de comprendre de quelle manière avait été organisé, institué, tout ce que je réprouve depuis longtemps dans la société : l'existence de la pauvreté, du chômage, l'inégalité des richesses, le hiatus, pour ne pas dire l'abîme, entre une partie du peuple et l'État, entre gouvernés et  gouvernants, entre les classes sociales elles-mêmes, mais aussi les inégalités entre hommes et femmes, et tous les malheurs que la culture patriarcale continue de charrier. Etc. etc. 

                                                           La liste est longue. 

J'ai remonté le fil et j'ai fini par me retrouver aux côtés d'hommes préhistoriques, parce que les archéologues révèlent, année après année, que nos principaux problèmes sociaux se posaient déjà depuis les tréfonds de l'histoire humaine. A partir de là, patiemment, j'ai commencé de relever les faits établis par les historiens, de les croiser, de les agencer,  et ils m'ont fait comprendre que la domination sociale d'une poignée d'êtres humains, aisés ou riches, qui se pensent les meilleurs, sur beaucoup d'autres, plus ou moins pauvres, qu'ils considèrent comme inférieurs, forme le soubassement, la dynamique, les forces principales de l'histoire de l'humanité, tout un ensemble de choses que nous n'avons jamais appris dans les livres d'école, bien sûr, parce que l'école fait aussi partie intégrante, nous le verrons plus tard, de la domination sociale. Ceci explique le nom donné à ce site : Ploutos (plutos, Πλοῦτος), la richesse, en grec, entendue péjorativement, le fric, et Kratos (Κράτος), le pouvoir. 

Ce travail que je vous propose est donc une démonstration permanente par les faits de cette domination sociale, du pouvoir de quelques uns sur beaucoup d'autres et recouvrant la plupart des activités  humaines. C'est l'histoire des Forts et des Faibles, de la violence plusieurs fois millénaire, physique ou psychique, exercée par les dominants sur les dominés, et par effet pervers, et très profitable aux puissants, entre les dominés entre eux.  Ce sont, en plus de la force, les stratégies, les ruses, tous les moyens mis en œuvre pour façonner un monde qui puisse permettre à ceux qui l'organisent, alors qu'ils sont très peu nombreux, d'obtenir, de conserver, mais aussi, d'augmenter au mieux leurs pouvoirs et leurs richesses. C'est l'histoire de ces idéologies qui ont très tôt réussi à acquérir durablement dans toutes les couches de la société une dimension naturelle, éternelle, nécessaire. De la même manière qu'à Babylone, dans l'empire Inca ou celui du Mali, dans l'Egypte des Pharaons, l'Europe médiévale ou celle d'aujourd'hui, il n'existe aucune société dont les fondements sont le bien-être et l'égalité de tous les êtres humains. En effet, même les plus égalitaires d'entre elles, nous le verrons, n'ont jamais établi l'égalité entre les hommes et les femmes. 

 

Ce travail n'est pas du  tout théorique et s'adresse à tous. Il est ancré dans le réel, au plus près de ce qui construit les inégalités sociales entre les hommes : la violence, la guerre, l'oppression, l'esclavage, la religion, la  politique, la servitude par la dette, l'exploitation par le travail, les inégalités de logement, de santé, d'éducation, etc..  Nous irons au cœur des savoirs nécessaires à la compréhension de cette fabrication de l'inégalité, et chaque contribution à ce travail sera systématiquement sourcée. Car, si un adage se révèle d'une grande pertinence ici, c'est que "le diable est dans les détails."  Si la domination sociale a, pendant longtemps, été permise en grande partie par la force, elle n'aurait pas pu être effective, solide et durable, nous le verrons, sans une mise en œuvre puissante, répétons-le, de moyens, de ruses, de manipulations, de stratégies, que les sciences historiques et sociales ont en partie mises à jour. Ici, donc, l'idéologie, au sens péjoratif, marxiste du terme, n'est pas de mise. Karl Marx avait, en effet,« donné au mot “idéologie” le sens de système de pensée qui tend à justifier une forme particulière d’organisation sociale, ou politique, en masquant ses contradictions, ses fondements, ses phénomènes d’exploitation et de domination. Une “idéologie” serait toujours mystificatrice. »* On peut aussi parler d'une "théorie vague et nébuleuse, portant sur des idées creuses et abstraites, sans rapport avec les faits réels" **, bâties sur des préjugés, des croyances à partir desquelles elle tire un ensemble de principes, politiques, économiques, moraux, en particulier. 

 

Le but assigné dans les pages que vous allez parcourir ici, s'attache donc à revisiter l'histoire humaine au plus près de ce que les sciences historiques et sociales nous apprennent de ses manifestations,  tout en traquant, en démasquant les myriades de formes idéologiques qui n'ont jamais cessé de les travestir, de les cacher, au bénéfice des intérêts particuliers et au mépris du Bien commun. L'histoire humaine, nous le découvrirons pas à pas, est en très grande partie l'histoire des Forts contre les faibles.

Bonne lecture à toutes et à tous !

     

                    Camille Lefèvre,  16 janvier 2020

 

André Tiran, "Les idéologues, la Décade philosophique politique et littéraire et Jean-Baptiste Say", dans Journal of Interdisciplinary History of Ideas, volume 9, N° 17, 2020.

**  CNTRL, Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales

                                                               

 

 

IIllustrations  :  A gauche,  détail d'une miniature tirée des Riches Heures du Duc de Berry, mois de Janvier, 1410-1411, manuscrit conservé au château de Chantilly.  A droite, corvée de paysans, détail d'une miniature d'un manuscrit de la London Library, 1310-1320

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