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« L'écume de la Gaule »

Les Gaules

Les Bagaudes

Les Circoncellions 

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             Les Gaules 

 

 

C'est en - 39 que le fils de César, Octavien étend son autorité sur les Trois Gaules    (Belgique, Aquitaine et Celtique, selon les premiers mots de ses Commentaires sur La guerre des Gaules, de Jules César), termes qui recouvrent, comme d'autres (Gaule transalpine, cisalpine, narbonnaise, chevelue, etc.), une onomastique coloniale romaine qui simplifie la réalité pour ses besoins impérialistes. L'Imperator et Divi filius y ponctionnera des troupes pour la bataille d'Actium (31), et ses vétérans frapperont la monnaie à Nimes qui commémorera la bataille. La guerre a, comme à son habitude, rapporté gros aux généraux et on sait que l'Italien Lucius Tarius Rufus, d'humble origine, a emporté le gros lot de  100 millions de sesterces (Valensi, 2008).  Il devient soudain plus facile pour les nouveaux riches Gaulois de se faire évergètes (voir article Athènes, une parodie de démocratie) et augmenter leur cité de la gloire romaine. Ils ajoutent à leur nouveau nom romain un surnom tiré de leur nom celte. "Le Picton Duratius devient C. Julius Duratius ; le Santon Gedemon, C. Julius Gedemon." (op. cité). On peut aussi établir "de manière irréfutable", qu'une carrière au service de l'Empire va de pair  avec la profession d'armateur, profession insigne de tous ces negotiatores  qui ont peut-être supplantés en partie les aristocraties guerrières du Ier siècle après épuisement de leurs réserves évergétiques (op. cité)

 

La Table claudienne (cf. illustration en en-tête) nous a transmis un discours important, adressé au Sénat en 48 par Claude (Tiberius Claudius Nero Drusus,  - 10 à + 54), premier empereur romain à être né hors d'Italie, en l'occurrence à Lugdunum (Lyon). Dans cette étape décisive de la romanisation de la Gaule, "ce texte fondateur consacre l'intégration des élites gauloises à la citoyenneté romaine – même si le processus en lui-même s'étale sur plusieurs décennies. Or, c’est précisément cette politique d'intégration des élites, étendue au fil des siècles à toutes les provinces conquises du bassin méditerranéen, qui permet à l'Empire romain de perdurer. Mêlés comme aucun autres à l'histoire de Rome, les peuples de Gaule sont progressivement assimilés au système politique et social de l’Empire, au point notamment de caler leurs institutions sur les siennes. (...) L'aristocratie gauloise est enrôlée dans l'armée romaine, ou intégrée progressivement dans l’élite municipale, voire sénatoriale. L'habileté des Romains réside dans le fait d'avoir suscité l’adhésion de cette classe privilégiée : l'organisation et les mœurs romaines s'imposent ainsi naturellement aux notables, avant de conquérir le peuple. En 212, sous l’empereur Caracalla, la citoyenneté romaine est accordée à tous les hommes libres de l’Empire." (Inrap, Institut national de recherches archéologiques préventives, "Structure politique et société de l'Antiquité gallo-romaine",  17 janvier 2016) 

Drusus, le père de Claude, déjà, avait institué le culte de Rome et d'Auguste en 12 avant notre ère, et il valait mieux aux notables municipaux d'appartenir au Conseil des Gaules, et encore mieux, le présider, pour desservir ce culte et accroître sa notoriété. Il y avait de très riches Gaulois, comme Caius Julius Rufus, protégé de Tibère (42 - 37), qui élève à ses frais l'amphithéâtre des Trois Gaules à Lyon

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Plus tard, au début du IIe siècle,  le Viducasse (Gaulois de la Normandie actuelle),  Titus Sennius Sollemnis,  magistrat, duovir et augure à Aregenua (Calvados),  qui exercera  aussi la charge de grand prêtre de Rome et d'Auguste à Lyon, y donnera sur quatre jours un spectacle de 32 combats grandioses de gladiateurs, pour un montant de plus de 300.000 sesterces.   

 

Ce sont des propriétaires terriens, des chevalier, des druides (qui ont bien d'autres casquettes : savants, professeurs, prêtres, etc.) qui tirent leur richesse de l'exploitation d'une population quasiment servile selon Jules César (après avoir employé auparavant beaucoup d'esclaves), qui pratiquent l'agriculture et l'élevage et paient en nature des redevances qui finissent par représenter des dettes (Syme, 1953). C'est "l'écume de la Gaule, tous ceux que la misère pousse au désespoir", notera Tacite (La Germanie, XXIX, 4).  Les terres publiques accaparées au fur et à mesure par les puissants se sont transformées en propriétés plus ou moins étendues, dont le cadastre était tenu par les druides, exempts d'impôts, selon César, toujours, et qui favorisait l'accumulation des richesses ou un évergétisme (voir plus loin) dont nous avons peu de détails en dehors de plantureux banquets. D'autre part, l'artisanat, la métallurgie et l'orfèvrerie d'or et d'argent, en particulier des armes et de la monnaie, le commerce, les droits de péage, ont sans doute favorisé l'émergence d'une classe marchande gauloise (Duval et Hawkes, 1976).  Mais nous ne sommes pas vraiment dans une société de type capitaliste et les butins sont parfois offerts aux dieux comme, par exemple, à la bataille d'Orange, où Gaulois et Cimbres n'hésitent pas à balancer dans le Rhône des trésors d'objets ou de monnaies  d'or ou d'argent  pris aux Romains (Orose, V, 16, 5-6).  Par le biais de la table, Poseidonios d'Apamée (né en 135 avant notre ère) évoque dans ses Histoires les classes sociales gauloises : bière seule pour les plus pauvres, avec un supplément de miel pour les classes moyennes et du vin pur pour les plus riches. A l'image des satrapes en Iran, les conquérants romains s'appuieront très vite  (peut-être même dès avant la conquête) sur l'aristocratie de différentes tribus des Gaules, par collaboration, mariages d'alliance, par l'éducation (Congennetiacos, le fils de Bituit, roi des Arvernes, est envoyé à Rome au IIe siècle avant notre ère, pour y recevoir une éducation à la romaine avant de prendre le pouvoir occupé auparavant par son père (Tite-Live, III, 3).  La langue latine supplante la langue en grande partie orale des celtes, et les juristes multiplient les textes et les archives dans toutes les capitales régionales, aidés par une flopée de traducteurs, et les druides disparaissent du paysage public en à peine un siècle. On peut continuer à parler les langues vernaculaires dans son foyer, dans sa campagne, mais elles s'effacent dans tout l'espace public devant le latin. En très peu de temps, l'élite gauloise vit à la mode romaine, en témoignent leurs nombreuses villas découvertes au fur et à mesure par l'archéologie.

 

Ce sont les classes les plus aisées qui se sont empressées d'adopter et de répandre la culture romaine,  les cultes  (Vertet, 1984) en particulier la langue des vainqueurs, en l'apprenant à leurs enfants, en embrassant aussi des noms latins en plus de leur nom d'origine (Emile Thévenot, 1948, Les Gallo-Romains, collection "Que sais-je ?", PUF). Solidement appuyés sur l'administration et l'armée romaine, la nouvelle bourgeoisie gallo-romaine, commerçants et propriétaires en tête, consolide ainsi sa situation dominante sur les classes pauvres.  "De ce fait, les dévotions elles-mêmes se répandirent dans le peuple, le processus politique devint un processus psychologique lorsque l'Empereur fut ressenti comme le protecteur et le dispensateur des richesses." (Vertet, 1984, basé sur Toutain, 1907).  A l'inverse, les cultes populaires, dans une province, ne recrutaient pas leurs fidèles chez les proconsuls ou chez les légats, et les cultes indigènes de Mars, de Mercure ou d'Apollon ne sont pas fréquentés par les fonctionnaires impériaux : "L'abstention, l'indifférence observées en pareille matière par le gouvernement impérial et par ses représentants dans les provinces soulignent quel rôle précis avait la religion officielle et laissent entrevoir quel chemin d'intégration elle traçait à ceux qui liaient leur pouvoir et leur fortune à l'Empire." (op. cité). Les Romains ont opéré une sorte de syncrétisme dans les grandes villes à Lutèce (Lutetia Parisiorum) ou Lyon, par exemple, mais beaucoup d'anciens cultes gaulois sont encore pratiqués. Ceux qui ont les moyens font sculpter dans la pierre, graver des inscriptions, achètent des statuettes de bronze, mais les plus pauvres ne peuvent s'offrir que des objets en argile, façonnés par ailleurs par des potiers issus de leur milieu, à Vichy, à Lezoux, en particulier. Les fouilles archéologiques à Toulon-sur-Allier, pour le IIe siècle, ont révélé un habitat, un mobilier et des nécropoles d'une grande pauvreté, avec de petites cabanes, avec une rareté significative d'objets en métal ou de monnaie. "Il est vraisemblable que la réussite commerciale de la sigillée n'augmentait pas le niveau de vie des ouvriers". (op. cité). Je rajouterai : comme à beaucoup d'autres périodes !  C'est ainsi qu'à l'époque flavienne (69 - 96) l'expansion économique de la Gaule se caractérise par « son autoritarisme administratif, le retraçage des cadastres, le développement de la grande propriété... Ce mouvement se continua pendant le deuxième siècle, et les seules considérations de rendement, de prix de revient, de commodité remplacent le goût populaire, attestent un écrasement des couches sociales les plus pauvres, aussi bien sur le plan culturel et économique que sur le plan légal. C'est en effet un symbole important du changement des structures sociales et de la psychologie sociale correspondante qui intervient à cette époque, quand ceux qu'on nommait les "humiliores" furent également transférés dans la "catégorie des esclaves » (Vertet, 1984)

 

C'est ainsi qu'on a "trop vite, et faute de renseignements, supposé que le niveau de vie de la Gaule tout entière s'était élevé pendant la paix romaine. Il serait très important de prendre la mesure de nos ignorances." (op. cité)

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              Moissonneuse des Trévires

              Montauban-sous-Buzenol

                     relief du IIe siècle

                  musée lapidairr du

               Musée gaumais, Virton

                             Belgique

Les panthéons populaires subiront les persécutions des premiers évêques chrétiens, issus des milieux aristocratiques aux aussi, avant de s'effacer par le rouleau compresseur de la propagande, comme la fabrication en série de figurines, par exemple, les fêtes commémoratives, les monnaies, etc., qui "ont imprégné les couches populaires au point de changer leurs façons de s'exprimer et leurs attitudes, et de provoquer de profondes réactions psycho-sociologiques." (op. cité).  Sans compter la répression chrétienne. 

 

L'exemple des monnaies est intéressant et "jouent dans la propagande romaine un rôle essentiel par plusieurs aspects." (op. cité). L'art officiel y célèbre " les vertus du prince régnant, l'abondance et la félicité dont on jouit sous son règne...  les impératrices aux coiffures variées...d'autres symboles et figures de dieux et de héros, la louve et les gémeaux Romulus et Rémus" qui " fournissent un thème qui se répétera jusqu'à la fin de l'Empire, suggérant la fonction protectrice et nourricière de Rome." Toutes ces influences pénètrent petit à petit la population gauloise, et des investigations archéologiques fines nous permettent de comprendre qu'elles atteignaient aussi des milieux sociaux éloignés des centres urbains plus exposés. Sur différentes représentations divines les torques disparaissent, les divinités perdent leurs armes et leurs moyens de révolte, etc.  Tout ceci tend à exprimer " 

"une soumission impuissante et une admiration religieuse pour le pouvoir installé", ce qui est instructif sur la manière dont l'esprit humain peut être subtilement mais très profondément colonisé par ceux qui, forts de leur pouvoir, cherchent à lui imposer leur volonté sans le secours de la force.  Finalement, "la croyance en l'autorité fondamentale du vainqueur a été reconnue et assimilée dans la religion comme dans l'architecture, Rome est la plus forte et la plus grande. La vénération absolue de Rome peut expliquer bien des choses au Ile siècle, comme plus tard par exemple au XVIe. Son génie provoqua une espèce de stupeur dont nous ne sommes pas encore délivrés." (op. cité)

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 Histoire des prolétaires, ouvrage d'Yves et et Sigismond Lacroix, Paris. J. Brouillet, libraire-éditeur, 1873 ; Illustrations de Louis Lion (ici sur le thème des Bagaudes) gravées par Jean-Baptiste Philippe Tremelat (1831-1896).    

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Les  Bagaudes

 

 

Presque tous les spécialistes penchent pour une origine celtique de ce nom, peut-être du vieil irlandais bag,  baga, "combat", "révolte" (gad, en hébreu désigne "armée"), même bagad, "assemblée", a désigné par extension la révolte.  Les premiers soulèvements ont lieu en 285, sous le règne de l'empereur Dioclétien, dans l'Armorique celte (Bretagne) et la Vasconie (Hispanie : Espagne et Portugal), et réapparaissent au Ve siècle, toujours dans ces régions les moins romanisées. Si nous possédons de très nombreuses sources évoquant les soulèvements paysans  des Bagaudae (première apparition dans l'Epitome/ Liber de Caesaribus, Histoire abrégée des Césars, 39, d'Aurélius Victor, en 360) ou Bacaudae (première apparition dans le Brevarium historiae romanae, Abrégé d'Histoire romaine, d'Eutrope, en 369), elles nous renseignent très peu sur leur réalité et leurs auteurs, dénigrés par la plupart des littérateurs, issus des milieux aristocratiques, qui désignaient souvent les métiers agricoles. Si  les paysans rebelles de Mamertin sont des  laboureurs et des bergers (arator et pastor), on en parle souvent avec les mêmes mots qui désignent l'homme grossier et ignorant : agrestis (agrestium, Orose) agricola ou encore rusticus (Jérôme, Mamertin, Prosper d'Auitaine, Jordanès, Pseudo-Frédégaire), ou plus péjoratif encore, rusticani (Eutrope, Orose). On a aussi parlé d'eux comme des brigands (latro, latrones), mais seul Aurélien Victor utilise ce terme et celui-ci pouvait désigner bien d'autres choses : déserteurs, hérétiques, ou  encore émeutiers (Drouin, 2010)

Par ailleurs, les soulèvements de Bagaudes [1] au IIIe siècle étaient trop importants, un peu partout dans les Gaules, pour n'être que des bandes de brigands, puisque le César Maximien Hercule, envoyé par Dioclétien, se verra attribuer la fameuse légion de Thébains, en plus de son armée, pour combattre, et, finalement, écraser facilement la foule de va-nu-pieds dirigée par Amandus et Aelianus. Eutrope, Jérôme ou le Pseudo-Frédégaire parlent aussi de brigands, de factieux, la "factio" désignant leurs rassemblements : tous les termes utilisés pour les désigner indiquent dans tous les cas que ces paysans rebelles inquiétaient le pouvoir romain par leur rejet d'un certain ordre social.

 

[1]   Baccaudes, Bachaudes, Bagandes, Bagaudes, Bakaudes, Baugaredes, Bugarides, Vacaudes, etc.

Le grand spécialiste de la question, J.C Sanchez Léon, pense à des petits propriétaires endettés, une concentration foncière qui expulse, exproprie de petits métayers au profit de plus grands propriétaires : nous avons vu que cette situation s'est répétée de nombreuses fois dans l'histoire des pauvres un peu partout dans le monde. L'endettement, l'appropriation, encore et toujours, comme moyen d'asservissement des plus humbles. Alors, les Bagaudes pourraient être tout aussi bien des tenanciers, des colons métayers (coloni), des serfs (servus [2], servi), car dans les régions où ils se sont soulevés, peu romanisées et demeurées hostiles à la domination romaine en déclin, les malaises économiques se combinaient avec  la concentration de la propriété, la paupérisation progressive, la fiscalité excessive et la corruption judiciaire (Sánchez León, 1996).  

 

[2]   Avec la féodalité, le servus désignera ensuite celui qui, par engagement vassalique, doit un servitium (vasselage) à celui qui se place sous la protection d'un seigneur.

Dans son panégyrique de l’empereur Maximien (289), le rhéteur gaulois Mamertin (Mamertinus) raconte que des paysans habillés en soldats auraient détruit dans un accès de folie leurs propres champs, mais Edward Thompson pense plutôt à la terre de leurs maîtres (Pottier,  2011). Selon un traité anonyme, De Rebus Bellicis, « la politique monétaire de Constantin, survalorisant la monnaie d’or, aurait enrichi les élites et gravement appauvri les habitants des campagnes, qui auraient montré leur ressentiment en commettant des actes de brigandage et même en soutenant des usurpateurs. » (op. cité). La réponse à l’exploitation forcenée des paysans n’était pas partout la même. En 238, des colons africains s’allient à leurs domini (maîtres) contre la politique fiscale de l’empereur Maximin, comme le feront avec les leurs des paysans de Lucanie contre le roi ostrogoh Totila, en 545.

 

Les colons et descendants de colons sont particulièrement dans le viseur du pouvoir romain, qui cherche à en faire de nouveaux types d’esclaves. En 371, l’empereur Valentinien Ier écrit : « Nous ne pensons pas que les colons aient la liberté de quitter le champ auquel les attachent leur condition et leur naissance… S’ils s’en éloignent et passent chez un autre, qu’ils soient ramenés, enchaînés, punis. » En Palestine, Théodose refuse  au colon « d’aller de plein droit où il lui plaît, mais, à l’exemple de ce qui se passe dans les autres provinces, il sera attaché au maître du fonds, et nul ne pourra sans encourir l’amende, le recueillir ; en outre, le maître a plein pouvoir de ramener le fugitif. » (Ferdinand Lot, 1866-1952, La fin du monde antique et le début du Moyen Âge, 1927).  La « condition des colons s’étaient considérablement dégradée, au point qu’ils étaient considérés comme des esclaves, voire que les esclaves étaient considérés comme des colons ! » (Dockès et Servet, 1980).  Au début du Ve siècle « les campagnes se libèrent » et « nous voyons dans les villes des esclaves se liguer avec des pauvres libres (liberi, ingenui) et fomenter des révoltes. ».  Le témoignage compatissant de Salvien de Marseille, en décrivant  les Bagaudes de son temps (439/441), ne fait pas de doute sur les conditions de vie de ces exploités :  

"Je parle maintenant des Bagaudes qui, dépouillés, opprimés, tués par des juges mauvais et cruels, après avoir perdu le droit à la liberté romaine, ont perdu aussi l'honneur du nom romain. Et on leur reproche leur infortune, nous leur reprochons un nom qui rappelle leur malheur,un nom que nous leur avons fait nous-mêmes ! Nous appelons rebelles, nous appelons scélérats des hommes que nous avons réduits à être des criminels En effet, comment sont-ils devenus Bagaudes si ce n'est pas par nos injustices, si ce n'est pas par la malhonnêteté des juges, par les confiscations et les rapines de ces hommes qui ont changé la perception des impôts au profit de leur propre bourse, et qui se sont fait une proie personnelle des indictions tributaires - qui à la ressemblance des bêtes féroces n'ont pas gouverné ceux qui leur ont été confiés mais les ont dévorés ; qui, non contents de dépouiller leurs  semblables comme la plupart des voleurs, se repaissent encore en les déchirant et, pour ainsi dire, en buvant leur sang ? Ainsi est-il arrivé que les hommes étranglés et tués par le brigandage des juges, sont devenus semblables à des Barbares, puisqu'on ne leur permettait pas d'être Romains. Ils ont consenti à être ce qu'ils n'étaient pas, parce qu'on ne leur permettait pas d'être ce qu'ils avaient été ; et ils ont été obligés de défendre au moins leur vie puisqu'il voyaient que leur liberté avait complètement péri. Mais ne se produit-il pas aujourd'hui la même chose que naguère ? Ceux qui ne sont pas encore Bagaudes, ne les contraint-on pas à le devenir ?  À considérer la violence et les injustices qu'ils subissent, ils sont forcés de vouloir être Bagaudes, mais leur faiblesse les empêche d'y parvenir. Ils sont donc comme des captifs sous le joug des ennemis : ils supportent le supplice plutôt par nécessité que par choix. Ils désirent en leur cœur la liberté mais ils supportent la dernière des servitudes."  

 

Salvien de Marseille, Sur le Gouvernement de Dieu (De Gubernatione Dei, V, 24), vers  439-441, traduction de Georges Lagarrigue, 1975.

  

 

Libres étranglés par le fisc et les dettes (dont beaucoup de ruraux), « chassés par le terrorisme étatique et aristocratique qui les exproprient. », (Dockès et Servet, 1980), mais aussi esclaves,  pauvres, fugitifs, les Bagaudes se regroupent en bandes et attaquent villae, vici (gros bourgs), libèrent les servi et les coloni tout en les recrutant, avant de fuir se cacher dans les forêts ou les montagnes. Très souvent, les malheureux ne subissent pas directement « le terrorisme de de leurs maîtres,  mais celui  des intendants, des contremaîtres, des dénonciateurs, des “petits chefs”, esclaves eux aussi, qui font fonctionner la villa esclavagiste de la façon dont Columelle le décrivait pour le Ier siècle. Des esclaves torturent d'autres esclaves, appliquent la terreur pour le compte d'un maître parfois absent, et qui peut même apparaître comme le suprême recours des esclaves suppliciés par les "kapos" !» (op. cité)

Stratégie classique, mais puissante, encore de la domination sociale, que de donner un  pouvoir de coercition à une poignée de dominés sur d’autres, le plus emblématique d’entre eux étant celui de la police ou de l’armée. Sans cette architecture où on permet à différents niveaux de la société d’être contrôlée, dirigée par une partie de ses membres, où la division, la concurrence, la peur, l’envie, la jalousie protègent le pouvoir d’un solide rempart, sans tout ce dispositif, il n’y a pas de pouvoir possible dans la durée. Comment ne pas supposer là, pour revenir au surgissement des inégalités à la préhistoire, une dynamique où, en plus de conditions proprement sociales, se manifestent des pulsions, des sentiments, des penchants de la nature humaine à l’égoïsme, à la violence, à la volonté de domination, qui n’ont jamais cessé de faire partie des constructions sociales ?  Cependant, on sait aussi que les maîtres qui tuent leurs  esclaves ne sont pas rares, et Salvien les dit « beaucoup plus nombreux que les esclaves qui tuent leurs maîtres. » Et pour cause : «… les esclaves craignent d’être mis à mort pour leur crime, alors que les maîtres sont sûrs de l’impunité (où sont donc ces règles juridiques qui protègeraient les esclaves ?) » Cette impunité durera pendant des siècles, nous le verrons, et, effectivement, la question de la loi inappliquée, inefficace, est un problème récurrent de société, qui n’a jamais disparu, et dont il faudra reparler au sujet de la prétendue démocratie moderne. 

Salvien, par ailleurs, pointe du doigt les différentes méthodes de dépouillement de ces riches, qui se conduisent comme des voleurs, « qui prennent les biens des pauvres et s’approprient même leur personne. », en particulier quand les pauvres familles « achètent la protection des seigneurs au prix exorbitant de tous leurs avoirs. », ces maîtres dont « les charges publiques sont achetées par un petit nombre pour être payées par la ruine de tous », qui voient « les contributions publiques comme leur proie. » (Salvien, V, 4, 17).  Le sujet touche à la voyoucratie ancestrale de riches, celle que nous nommons aujourd’hui les criminels en col blanc, qui a bien sûr évolué et qui a beaucoup moins besoin d’utiliser la violence physique pour dépouiller les individus, puisque le capitalisme a à sa disposition, un puissant arsenal de moyens que nous étudierons en temps voulu.    

Et Salvien de citer trois régions ravagées par ces “sublimes” : l’Espagne, l’Afrique, la Gaule.

« On sait que les curiales, responsables sur leurs propres biens du rendement de l'impôt, avaient une situation intermédiaire pas toujours enviable. Souvent soumis à la pression des Puissants qui élèvent les charges, ils doivent ruiner leurs concitoyens pauvres, prendre jusqu'aux biens des veuves, des orphelins, de l'Église. Plus généralement, les Grands font fonctionner le système fiscal exclusivement à leur profit et comme un moyen d'expropriation des pauvres, voire de réduction de ceux-ci en quasi-esclavage. Et les clercs se taisent, épouvantés, craignant de rendre les Puissants pires encore. »   (Dockès et Servet, 1980)

 

Ce regard bienveillant de Salvien (comme celui d'autres hommes d'Eglise comme l'évêque Jonas d'Orléans, † 843) ne doit pas faire oublier les nombreuses représentations littéraires qui déshumanisent les paysans sous la forme de monstres sauvages et inhumains, mis parfois dans le même sac que les Juifs, les Sarrasins, ou d'autres populations méprisées. "La lèpre des enfants est le signe de la luxure des paysans", affirmera l'évêque Césaire d'Arles, et "les lépreux sont "surtout des paysans car les paysans enfantent dans la luxure." (Césaire, Sermones, 44). Grégoire de Tours raconte que  l’évêque Aravatius pensait que l’invasion des Huns d’Attila était inévitable, que Dieu l’avait certainement ordonnée à cause des péchés du peuple, ce que les saints expliquent, nous dit-il : « le péché du peuple a grossi et le bruit de sa malice est monté jusqu’à Dieu : c’est pourquoi cette cité sera incendiée. » (Grégoire de Tours, Histoire des Francs, L, II).  Cette “malice” du peuple, « en particulier celui des campagnes », en plus des péchés traditionnels, recouvre sans doute ici le refus de l’ordre social binaire maîtres-esclaves, noblesse-plèbe, très entretenu par l’Eglise, dont les chefs sont avant tout des aristocrates. « Il faut savoir qu’alors, l’inégalité entre les hommes est considérée comme la sanction de leurs péchés différentiels » (Dockès et Servet, 1980). C’est Grégoire, encore, qui explique que « la faute subordonne les uns aux autres selon l’ordre variable du mérite. » (cf. op. cité). 

On ne sait pas exactement comment les régions libérées par les Bagaudes étaient administrées, mais peut s’en faire une idée d’après des textes qui les dénigrent. Ainsi le Querolus (ou Quérulus), une comédie latine anonyme de l’époque du bas empire romain, au début du Ve siècle, probablement destinée à des aristocrates de la Gaule du sud et écrit par  ou dans l’entourage de Rutilius Namatianus, un grand propriétaire foncier de la Gaule méridionale et préfet de Rome en 416. Le texte  parle d’un endroit où « on rend les sentences capitales auprès du chêne et on les écrits sur les os ; là, ce sont des paysans qui plaident et les particuliers qui jugent ; là tout est permis… »  Pour l’auteur, les Bagaudes sont revenus à un état sauvage, ce sont des barbares sans loi, qui ne molestent pas seulement des   esclaves, des hommes de leur famille, où les paysans « dont on sait qu’ils peuvent à peine parler », dit un personnage, peuvent plaider, où tout le monde peut être juge.    

Nous sommes à une époque charnière où l’Empire romain vit ses dernières années, sous le coup de boutoir des envahisseurs “barbares” (Alains, Ostrogoths, Wisigoths, Huns, Burgondes, etc.) dont l’apparente connivence, ici ou là,  avec les révoltés de tout poil, facilite surtout la prise de villes. Ce sont bien sûr des alliances très brèves, car, une fois encore, ce sont les élites de chaque camp qui négocient les affaires décisives, tel le roi wisigoth Athaulf  avec les « notables ou latifundistes de Bazas » (Dockès et Servet, 1980), dans la région de Bordeaux, dont Paulin de Pella, un aristocrate qui, comme d’autres propriétaires fonciers, protègera ainsi ses terres bordelaises. Un autre exemple est celui du grand général romain Aetius, très lié aux aristocraties hunniques, devenues alliées de l’Empire, et dont les cavaleries redoutables allaient lui permettre d’écraser de nombreux ennemis, dont la bagaude de Tibatto (435 – 437), un chef de rébellion qui provoqua la sécession de la Gaule transalpine (ou ultérieure), mettant à mal le système défensif établi le long de la côte atlantique et défendu par une administration militaire, le Tractus Armoricanus.  Inutile de dire que cette bagaude, comme les précédentes, finit par être écrasée par Rome et ses alliés. Barbares ou romains, les aristocrates ont à peu près la même vision de l’esclavage. Les juristes burgondes nomment les esclaves servi, ancillae ou encore mancipia, quand ils n’ont pas besoin de distinguer les sexes. S’ils les considèrent comme membres à part entière, c’est seulement en principe, car ils sont bien des objets de propriété, totalement sous la coupe d’un maître, sans aucun recours de justice, sans famille (ils ne peuvent se marier) et sans patrimoine, leur peculium ne leur appartenant pas. 

 

[1]   Baccaudes, Bachaudes, Bagandes, Bagaudes, Bakaudes, Baugaredes, Bugarides, Vacaudes, etc.

[2]   * Avec la féodalité, le servus désignera ensuite celui qui, par engagement vassalique, doit un servitium (vasselage) à celui qui se place sous la protection d'un seigneur.

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Les circoncellions                  

 

Transportons-nous maintenant dans l’Afrique chrétienne des IVe et Ve siècles, agitée par le schisme du donatisme, par une partie des chrétiens en colère, tout particulièrement en Numidie, contre les évêques qui avaient livré leurs livres sacrés pendant la persécution de Dioclétien, entre 303 et 305. Notons que c’est une femme de l’ordre sénatorial (clarissima femina), Lucilla, qui mena ce front de chrétiens révoltés par l’attitude passive des autorités ecclésiastiques.  Alliés à ce mouvement, dirigés même parfois par son clergé, les circoncellions voient l’Eglise des Saints comme celle des pauvres et des justes (« iustos et pauperes » nous dit l’évêque donatiste Pétilien (Pottier, 2008).  Ils prônent le martyre, la chasteté, la lutte violente contre les païens, l’action suicidaire, pressés de fuir la souillure d’un monde corrompu, dit en substance Gaudentius, évêque donatiste de Timgad (en Algérie actuelle). Ils se nomment eux-mêmes agonistici (du grec agôn : combat athlétique)  ou encore confessores agonistici. Ces combattants de Dieu sont appelés circoncellions, dont le nom, atteste Augustin, vient du fait de leurs vagabondages autour (circa) des cellae, les tombes de martyrs. Tychonius (Tyconius), de son côté, dans ses Commentaire sur l’Apocalypse (26, 3), pense que cella désigne plutôt ici la grange rurale (plutôt que le "cellier", comme on peut le lire, ici ou là)  et partant, l’origine paysanne  des adeptes (Pottier, 2008). La plupart des historiens aujourd’hui les pensent ouvriers agricoles itinérants, en particulier depuis que Charles Saumagne a montré qu’ils apparaissaient en tant que corps social dans la loi d’Honorius de 412, qui décrit les différents ordres sociaux. Cependant, la synthèse récente de Bruno Pottier à leur sujet remet sérieusement en cause cette hypothèse et assoit un peu plus celle qui les identifie à des moines et moniales itinérantes. Nous n’allons pas ici nous attarder sur leurs actions nombreuses d’ordre religieux, dirigées surtout contre les catholiques, comme des destructions de lieux de culte ou des agressions contre les prêtres, mais plutôt à  la dimension  sociale et contestataire de leur mouvement.

Axido et Fasir (d’humble origine berbère), qui se veulent leurs duces sanctorum (chefs des saints) mènent avec leurs partisans des actions contre les propriétaires terriens (vers  330/40), selon le témoignage d’Optat de Milev (Milève), évêque de Carthage. Ils les menacent de mort par des lettres si ceux-ci ne suppriment pas les dettes de certains dépendants. Ils forcent des notables à courir devant leur voiture conduite par leurs propres esclaves. Ils protègent certains d’entre-eux qui prennent des provisions à leur maître, obligent certains notables à tourner des meules de boulangerie comme des esclaves. Ils entravent aussi l’action des exactores, les collecteurs d’impôts, s’inquiète saint Augustin ( Lettres de saint Augustin, Augustini Epistolae, lettre 417).  Mais l’action de ces Robins des bois africains ne s’arrêtent pas là et touchent l’ensemble des formes de coercitions, des injustices sociales : « celle du propriétaire sur son colon, du juge sur le condamné, du père sur son fils et du mari sur  sa femme, pour introduire ensuite les circoncellions usant de formes illégitimes de coercition. Ceci laisse penser que les circoncellions agissaient sur tous ces rapports sociaux. » (Pottier, 2008). Ils donnent asile à tous les paysans et  esclaves qui le souhaitent, déchirent les titres de servitude des plus malheureux pour qu’ils partent libres (Augustin, op. cité, lettre 185). Posidius affirme, par ailleurs qu’ils ont effectivement « bien tenté de remettre en cause les droits de propriétaires terriens sur leurs colons, en leur imposant un nouveau code de relations. » (Pottier, 2008).. Augustin, avec satisfaction,  affirme dans son Contra Gaudentium que les circoncellions eux-mêmes avaient été installés de manière autoritaire en tant que colons. Pourtant, beaucoup d’entre-eux continuaient de vivre en marge leur vie ascétique. « L’assimilation au moins partielle des donatistes à des rebelles contre l’État a sans doute joué un grand rôle dans l’interdiction du donatisme en 405. » (op. cité). Et ne parlons pas du domaine judiciaire, où les circoncellions utilisent le pouvoir de justice reconnu à l’évêque, ce que font ici où là des moines d’Orient, tel Alexandre l’Acémète, à la tête d’un groupe de moines itinérants, qui oblige de riches propriétaires terriens des environs de Palmyre , entre 386 et 389, d’augmenter les aumônes et de détruire certaines quittances d’emprunts accordés à des pauvres.  Maesymus, ermite et prêtre près de Cyr, est supposé avoir arrêté au moyen d’un miracle le char d’un riche décurion. Si Augustin a parfois défendu les pauvres, c’est pour rappeler aux riches leurs obligations envers eux, pas pour changer à sa manière l’ordre des choses et améliorer la justice. Ainsi, on voit l’évêque d’Hippone « dénoncer à plusieurs reprises l’orgueil de certains pauvres catholiques qui, confiant en leur salut, se sentaient supérieurs aux riches supposés être forcément condamnés à l’enfer. En effet, ils accusaient fréquemment les riches d’avoir formé leur patrimoine par la pratique du vol, de l’usure et du crime. » (Pottier, 2008). Ils ne l’emporteront pas au Paradis, dit en substance Commodien, auteur chrétien qui affirme qu’après le retour du Christ, dignitaires et nobles seront au service des martyrs pendant mille ans avant d’être jetés aux enfers (op. cité).

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 Saint Augustin et les hérétiques

enluminure de "La Légende dorée"             de Jacques de Voragine

             (vers 1230-1298) 

           ​traduction française

            de Jean de Vignay

                    vers  1370

                    folio 65 v

           Département des

            Manuscrits. Français

                              245

  Bibliothèque Nationale de France 

                           BNF

Il y a un côté anarchiste et révolutionnaire chez ces circoncellions, qui refusent de se soumettre aux contraintes de résidence imposées à partir de Constantin, « pleins d’un audace orgueilleuse et d’une témérité qui se moquait des lois… » (Posidius de Calama, Vita Sancti Augustini, vers 437), qui comprenaient dans leurs rangs de nombreuses femmes « qui ne voulaient pas de maris pour avoir à obéir », selon une lettre d’Augustin (op. cité, Lettre 35). Dans une autre épître adressée à l’évêque donatiste Macrobius, en 409/410, il rapporte que les circoncellions poussaient les paysans et les esclaves à se révolter contre leurs maîtres, à les agresser et piller leurs domaines avant de les fuir.

Il est finalement assez difficile d’imaginer ces circoncellions en moines ascétiques et continents, avec toutes ces allusions d’Augustin aux ivrogneries (dont il est un peu facile de les attribuer à des fêtes de martyrs), à la mixité de bandes d’hommes et de femmes très « libérées » pour l’époque, d’où les allusions fréquentes à leur “débauche”, à leurs “dérèglements”.  Au lieu d’éprouver un sentiment d’infériorité vis-à-vis des évêques, appartenant à l’élite donatiste cultivée, entendant le latin, les circoncellions des campagnes refusent de se soumettre à leur autorité, eux qui ne comprennent pas la langue qu’ils parlent, le punique. (cf. Saint Augustin, op. cité, Lettres 108, 6, 19 ; 139,2 ; 144)  Au-delà de la langue, ces hommes du peuple apprendront que les évêques donatistes sont aussi du côté des riches, des puissants, quand ils se rallieront aux élites catholiques, réclameront de l’aide aux Romains pour mater des révoltes qui menacent leurs biens. Comme aujourd’hui, c’est l’illégitimité, l’illégalité (cf. Augustin, Contra epistulam Parmeniani, I, XI, 17)  , l’action violente des révoltés (souvent appelés latrones, voleurs) qui justifient le jugement et la conduite répressive du pouvoir, pendant que les révoltés ne cessent de répéter que ce sont les riches eux-mêmes qui sont à l’origine de la violence.

Comme il a déjà été dit, les riches sont une grande famille, quelle que soit l’origine des uns ou des autres, et font invariablement tout ce qui est en leur pouvoir pour s’entendre sur le dos des pauvres et préserver au mieux leurs intérêts. Ayant compris la trahison, les circoncellions ont commencé, selon Augustin toujours, de piller de fond en comble des greniers et détruire des réserves de vin et d’huile (op. cité, Lettre 111, 1).

 

                     BIBLIOGRAPHIE        

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https://www.persee.fr/docAsPDF/ista_0000-0000_1984_act_290_1_1087.pdf

                                                                               [↩]

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