« un terrible bétail à gouverner »
Le grand renfermement des pauvres
XVIe - XVIIIe siècle
Jacques Lagniet (1600 ? - 1675), "la vie des gueux en proverbes"
"Recueil des plus illustres proverbes divisés en trois livres : le premier contient les proverbes moraux, le second les proverbes joyeux et plaisans, le troisiesme représente la vie des gueux en proverbes ; mis en lumière par Jacques Lagniet,... [La Vie de Tiel Wlespiegle,... en proverbes instructifs et divertissans.]"
« Un grand hôpital désolé »
L'historien Bronislaw Geremek estime que la pauvreté en France après 1750 touchait environ 40 % des campagnes et 60 % des villes (La potence ou la pitié, L’Europe et les pauvres du Moyen Âge à nos jours, Paris, Gallimard, 1987) . Rien ne va plus en France nous dit Pierre Le Pesant de Boisguilbert en 1695, dans Le détail de la France, car "le plus riche royaume du monde" s'appauvrit jour après jour. Le magistrat normand pointe du doigt une cause économique. Les richesses d'Europe, nous dit le théoricien, sont le blé, le vin, le sel et la toile. Si l'agriculture a un rôle de tout premier plan ici, c'est que la Révolution industrielle n'est pas encore passée par-là et que la plupart des pays vivent presque entièrement de l'agriculture, certains domaines d'industrie étant liés à elle comme le textile, la métallurgie et d'autres artisanats. Ce qui conduira un certain nombre de théoriciens à ne penser l'économie qu'à travers elle, comme François Quesnay (1694-1774), le chef de file des Physiocrates (voir plus bas), pour qui la terre est l'unique productrice de richesses. Toutes les richesses, donc, diminuent de manière alarmante, au point que Fénelon parlait du pays comme d'un "grand hôpital désolé et sans provision" (Félix Cadet, Pierre de Boisguilbert, précurseur des économistes, Paris, Guillaumin, 1870), ce que Vauban (Sébastien Le Prestre, marquis de, 1633-1707) confirme de manière plus concrète un peu plus tard, estimant qu'1/10e de la population française est indigente, tandis que 5/10e se trouvait réduite "à très peu de choses près à cette malheureuse condition" (Vauban, projet d'une dîme royale, 1707).
La politique de Colbert est en échec. C'est l'augmentation des recettes de l'Etat, en écrasant en particulier les roturiers d'impôts, le développement des manufactures, mais aussi de leurs privilèges, la création de compagnies commerciales qui ne rapporteront pas grand-chose à l'Etat, ou encore la protection douanière. Ce qui conduira à une crise de subsistance et la mort de plus d'un million et demi d'habitants en 1694, estime Cadet, qui meurent de froid, de faim ou de misère. C'est de cette terrible misère dont il est question dans le conte du Petit Poucet, que Charles Perrault écrit en 1697. Un couple de bûcherons qui ne parviennent plus à nourrir leurs enfants et qui vont les laisser se perdre en forêt. Cela n'empêche pas la France d'être, toujours selon Boisguilbert, "plus remplie d'argent qu'elle ne la jamais été, que la magnificence et l'abondance y soit extrêmes; comme ce n'est qu'en quelques particuliers, et que la plus grande partie est dans la dernière indigence…" (Le détail de la France, Ch VII, Richesse du petit nombre et misère du grand, 1695).
La réalité du travail, au XVIIIe siècle, collera parfaitement aux limites extrêmes de pénibilité que les gouvernements, et les puissants en général, acceptent pour la grande majorité laborieuse. La grande historienne du XVIIIe siècle, Arlette Farge a exposé à différentes reprises la condition pénible de ces travailleurs. De nombreux corps de métiers travaillaient dans des conditions épouvantables. Des ouvriers du bâtiment tombent de haut, se blessent, deviennent handicapés, beaucoup de métiers à l'air libre sont exposés au froid et aux aléas extérieurs, des travailleurs saisonniers font d'incessantes marches entre Paris et ses faubourgs et même la campagne pour rejoindre, parfois pour quelques heures, leurs différents lieux de travail. Les ouvriers imprimeurs ont de nombreuses confusions, foulures etc. Ceux des glaceries se coupent, leurs mains s'infectent régulièrement. Les tamiseurs de chaux ont les poumons remplis de poudre, crachent du sang par le nez ou par la bouche (Farge, 2008). On trouvera dans les Cahiers de doléances de 1789 divers témoignages de ces pénibles existences de travailleurs, de celles et ceux qui récoltent les boues, à Aubervilliers, qui serviront d'engrais en communiquant, auparavant, toutes sortes de maladies, ou la soie, à Saint-Jean de Gardonnenque, qui épuise la santé, ou encore la vigne, devenant "infirmes et courbés avant l'âge de cinquante-cinq ans" (Inventaire sommaire des archives départementales antérieures à 1790 : Gard" d'Edouard Bligny-Bondurand).
La liste de ces malheurs est très longue et ce sont parfois les médecins mêmes qui en rendent compte, pour certains directement au roi, comme Pajot de Charmes, de la Société Royale de médecine. On constate les dégâts, on plaint les malheureux, mais qu'y peut-on, si tout cela fait partie des desseins de Dieu ?
Paris : "En entrant par le faubourg Saint-Marceau, je ne vis que de petites rues sales et puantes, de vilaines maisons noires, l’air de la malpropreté, de la pauvreté, des mendiants, des charretiers, des ravaudeuses, des crieuses de tisane, et de vieux chapeaux. Tout cela me frappa d’abord à tel point, que tout ce que j’ai vu depuis à Paris de magnificence réelle n’a pu détruire cette première impression, et qu’il m’en est resté toujours un secret dégoût pour l’habitation de cette capitale".
J-J Rousseau, Confessions (1765-1770, publié de manière posthume en 1782)
Par ailleurs, les pauvres ne le sont pas par plaisir, bien évidemment, ce sont en grande partie des chômeurs (Roman, 2002).
Aux XVIIe-XVIIIe siècles à Paris, environ 70% des mendiants sont des gens qui ont perdu un emploi quelconque, et à ce déficit de main d'œuvre, il faut ajouter des causes diverses comme l'analphabétisation ou encore le manque de tissu social, de réseaux de solidarité et d'entraide (Roche, 1987). La population criminelle à Paris est fortement corrélée à l'analphabétisation (60 % d'illettrés), malgré des différences notables entre la capitale et la province, puisqu'à Paris, "85% des hommes et 60% des femmes sont capables de signer, moyenne nettement supérieure au reste du royaume" (Roche, 1988).
Malgré toutes ces difficultés, les pauvres font montre d'un dynamisme économique particulier, dans l'Ancien Régime. Laurence Fontaine, par exemple, directrice de recherche au CNRS, a montré qu'ils ont développé toutes sortes de stratégies économiques pour survivre ou améliorer leur ordinaire, malgré leurs moyens d'action limités et le poids de leurs dettes : 71 % de la population endettée dans certains villages de Castille entre 1748-1752, 60% des domestiques à Paris au début XVIIIe (L’Économie morale. Pauvreté, crédit et confiance dans l’Europe préindustrielle, 2009, Gallimard). L'historienne donne ainsi à voir toute une économie informelle où les pauvres " calculent, échangent, négocient, entreprennent, quand bien même leurs « capabilités » se trouvent contraintes" (Philippe Minard, "Le crédit des pauvres", article de la vie des idées, 4 mai 2009), et tissent avec l'économie marchande une économie des "choses banales", selon Daniel Roche (Histoire des choses banales. Naissance de la consommation dans les sociétés traditionnelles, XVIIe-XIXe siècle), distribuées en particulier par les réseaux de colportage. Pour cela les pauvres s'endettent près des prêteurs de rue, sur gages, auprès de leur famille, leurs voisins, etc.
Le Grand Renfermement, L'hôpital Général
Au début du XVIIe siècle la misère se développant à grands galops, on crée de nouveaux hospices, comme celui de la Pitié, fondée par Marie de Médicis en 1612. En 1656, Mazarin promulgue un édit de renfermement, confirmé plus tard par Colbert, et Louis XIV fait ériger de nouveaux établissements ou les convertit en hôpitaux généraux parisiens, qui n'ont d'hôpitaux que le nom et sont en fait des prisons pour les personnes les plus pauvres et les plus en marge de la société : La Pitié, centre administratif de l'institution, pour les enfants ; l'hôtel Scipion, pour les nourrices et les nourrissons ; La Savonnerie de Chaillot, une manufacture, en fait, pour faire travailler les enfants ; le Château de Bicêtre, devenu hôpital royal, pour les hommes, "maison de correction, véritable antichambre du bagne" (Fossier, 2002) ; le Refuge de Sainte-Pélagie (1665), accolé à la Pitié et à ce qui sera La Salpêtrière, bâtie de 1669 à 1678 , à partir d'anciens arsenaux de poudre salpêtre, véritable prison dévolue aux femmes (condamnées, "femmes publiques", "débauchées", "de mauvaise vie" [dès 1684], "folles", voleuses, "sorcières", blasphématrices, etc...), aux couples sans ressources, aussi, et dont une partie sera réservée à une maison de Force (voir plus bas).
Hôpital Royal de Bicêtre,
dessin et gravure
de Jacques Rigaud
(1680-1754)
Les hôpitaux généraux ne sont qu'une partie des institutions que Geremek avait appelé "prison des pauvres" : voir La Révolution Anglaise, Les Levellers. La première moitié du XVIIe siècle est une époque charnière des mentalités des élites sur le travail, l'oisiveté et par voie de conséquence, la vision de la pauvreté. Voici ce qu'écrit le le cardinal et ministre Richelieu dans une note de 1625, intitulée Pauvres Renfermés : "Pour ce que plusieurs vagabonds et fainéants, au lieu de s'occuper comme ils peuvent et doivent à gagner leur vie, s'adonnent à la quester et mandier, ostant le pain aux pauvres nécessiteux et invalides auxquels il est deu, incommodent les habitans des villes et privent le public du service qu'ils pourront recevoir de leur travail, nous voulons qu'en toutes les villes de nostre royaume soit étably ordre et règlements pour les pauvres, tel que non seulement tous ceux de ladite ville, mais aussi des lieux circonvoisins y soient enfermez et norris, et les valides emploiez en œuvres publiques." (Richelieu, Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État, 8 vol. éd. De 1853-1877, tome 2, p. 180-181). Un peu avant et un peu après cette note, les Lettres Patentes de 1622 et le Code Michau (Michaud), en 1629, oeuvre du garde des Sceaux Michel de Marillac (qui sera invalidée par les parlements de province), ordonnent aussi d'enfermer les pauvres des villes.
Cette idée d'enfermement des pauvres ne surgit pas d'un seul coup. Ce qui sera l'hôpital général est le fruit d'une longue gestation de la part des pouvoirs sur le traitement de la pauvreté. Déjà, sous François Ier et Henri II, le pouvoir avait commencé à lutter contre le vagabondage. En 1519, est fondé, par exemple, le premier (Saint-Jacques) des trois hôpitaux généraux d'Aix en Provence. En 1531 était créée une Aumône Générale à Lyon et un Bureau des Pauvres à Paris en 1544, des institutions certes charitables, mais en réalité des maisons de correction dont "les aspects coercitifs sont indéniables : travail obligatoire, marques distinctives des vêtements." (Quétel, 1981). Une deuxième étape importante de cette évolution se passe d'abord en Italie, vers laquelle Richelieu tourne ses regards, pour puiser ses idées de renfermement des pauvres, déjà appliqué à Rome. Le pape Pie V (1504-1572) avait commencé par regrouper les miséreux de la Ville Éternelle pour les nourrir, et avait interdit la mendicité, devenue un délit en 1561, mais Grégoire XIII (1502-1585), "face à l'expansion fulgurante de la mendicité au XVIème siècle -essentiellement due à l'afflux de pèlerins- la papauté réagit en créant, en 1581, un hôpital qui fait office d'asile et de manufacture. Une gigantesque procession, symbole de la victoire remportée sur les mendiants, est alors organisée dans la Ville même. Les miséreux ont été arrêtés de force, rassemblés, mis à l'écart, concentrés. " (Fossier, 2002). Par ailleurs, l'Eglise n'a pas attendu jusque-là pour enfermer certaines catégories de la population. Depuis le Moyen-Age, on enfermait des prostituées dans des maisons religieuses, et à la fin de cette période, il existe l'institution des Refuges, surtout dans le sud de la France, à Aix, Montpellier, Marseille et Avignon, où on tenait en captivité les femmes "jugées dangereuses pour elles-mêmes et pour la société. Cette « galère » des femmes, si elle n’est pas une maison de force en a du moins tous les aspects, auxquels, vient s’ajouter la dimension spirituelle de l’institution, dont la direction est confiée à des religieuses. Les femmes détenues au refuge, sont des criminelles, prostituées, voleuses, des marginales, mais pas seulement. Le Refuge accueille en effet, toutes celles qui souhaitent se « préserver du vice »." (Regina, 2007). De même que dans les lieux d'enfermement pour hommes, des femmes qui avaient commis de petits vols domestiques, ou qu'on voulait remettre sur le droit chemin après un adultère un concubinage, une fausse grossesse, une rupture de ban, etc., sans parler des femmes qui étaient là de leur propre volonté, pouvaient cotoyer des voleuses professionnelles ou des criminelles. Le Refuge est comme d'autres lieux d'enfermement fait partie d'un système répressif et coercitif patriarcal : "forgé autour du consensus des pères, époux, frères, et juges" et "incarne matériellement, physiquement, voire même spatialement, dans la cité, le triomphe de la masculinité sur la féminité emmurée dans l’enceinte du Refuge". (op. cité).
La discrimination, la stigmatisation des pauvres n'est pas du tout une chose nouvelle, bien sûr. Dans le Code de Théodose (De mendicantibus non invalidis) ou un des capitulaires de Charlemagne, on faisait déjà la chasse au "mauvais pauvre", l'homme valide qui n'avait pas le droit d'errer ou de mendier. De même, au moyen-âge, une ordonnance royale ordonne en 1350 "que les pauvres valides fuient la ville et fauxbourgs de Paris, avec défenses de mendier, à peine du fouet et d’être mis au pilori ; et à la troisième fois signés d’un fer chaud au front, et bannis desdits lieux" (Archives de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris (A.A.P.-H.P ensuite), Code de l’Hôpital général, fol. 471). Mais à la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle s'opère progressivement un changement de mentalité de la part des pouvoirs étatiques et religieux, où la vision de la pauvreté, devenant endémique, conduit petit à petit à lui ôter ses oripeaux chrétiens, où l'auréole de gloire qui l'entourait disparaît pour ne laisser la place qu'à une idéologie millénaire appliquée aux marginaux, aux mendiants et autres vagabonds, une morale culpabilisatrice, humiliante, stigmatisante.
Ce modèle influencera progressivement la mentalité des élites à Londres, Hambourg, à Amsterdam (cf. Naissance du Libéralisme aux Pays-Bas), à Rouen (1602) ou à Lyon en 1614, dans des hospices qui tenaient déjà plus de la prison que de lieux d'assistance, puis dans les hôpitaux généraux d'Orléans (1642), Toulouse (1643), Marseille (1647), Angoulême (1650), de Paris, enfin, en 1656, fondés par les compagnies du Saint-Sacrement, dont les membres d'administration sont progressivement remplacés par Colbert par des laïcs moins soucieux de charité que de répression et de mercantilisme (Poujol, 1982). C'est le début d'une désacralisation, d'une moralisation de la pauvreté et de la charité, initiées nous l'avons vu, par le pouvoir catholique lui-même. "Préparer le règne de la Vertu", annonce le fronton du Rasphuis d'Amsterdam, "Le travail nourrit, le travail punit", affirme à l'entrée une maison de correction de Hambourg (Fossier, 2002). En réalité, la plupart du temps "ce travail n'est pas rentable, voire déficitaire. S'il est néanmoins conservé c'est parce qu'il permet l'apprentissage des enfants et que l'on pense que la plus grande charité à faire à cette catégorie de pauvres est de leur donner une instruction professionnelle. D'autre part, le travail est ascèse et prière pour les adultes. Il permet de dompter les passions, de faire pénitence." (Gutton, 1991).
Dans tout le Royaume de France se multiplient des troupes d'archers qu'on surnomme les "chasse-gueux", chargés de conduire de gré ou de force les pauvres à entrer dans les différents établissements de renfermement, alors que dans un certain nombre de villes comme Marseille, les pauvres étrangers sont marqués à l'épaule droit et chassés en dehors des cités. La répression est parfois féroce, les hommes envoyés aux galères, les femmes prostituées bannies dans les colonies. Progressivement, la misère, l'oisiveté est associée à la vie libertine, aux conduites "déraisonnées", "immorales", et conduira à regrouper toute une population pauvre et marginale, dont le pouvoir veut cacher, réprimer, métamorphoser l'expression sociale, culturelle, sexuelle, qui s'écarte de la norme sociale. Ainsi, "l'histoire de ce procès de bannissement est l'archéologie d'une aliénation", affirmera Foucault (Foucault, 1961), qui a bien perçu " le geste épistémologique et social d’enfermer un exclu pour créer l’espace qui rend possible l’ordre d’une raison." (Michel De Certeau, L’invention du quotidien. Arts de faire, Paris, 1980).
Le dénominateur commun de toute la période de l'enfermement est sans aucun doute le poids moral et religieux de l'Eglise qui pèsera sur les malheureux, dont on gère et contrôle sans cesse l'existence, la conduite, par des règles strictes, par des punitions corporelles parfois très sévères comme le carcan, et par un incessant rappel de la morale évangélique censée les maintenir ou les conduire sur un chemin vertueux : prières, messes, communions, confessions, etc.
Il faut cependant nuancer quelque peu le tableau souvent stéréotypé de ce modèle. Tout d'abord, la préoccupation charitable sera toujours présente dans le système de grand enfermement que constitue l'hôpital général en France pendant tout le XVIIe siècle et une partie du XVIIIe. Quand Louis XIV, de 1673 à 1676, fait de l'enfermement une politique nationale, l'organisation qui est dessinée réservera "une très grande place aux préoccupations charitables" (Gutton, 1991). Trois pères jésuites, Chaurand, Guévarre et Dunod, visitent la France dans le but de créer des hôpitaux généraux qui seront fondés "à la capucine" c'est-à-dire par des dons de charité privée par la quête. Par ailleurs, ils fonctionnent souvent comme "de simples bureaux de charité qui, bien loin d'enfermer les pauvres, pratiquent l'assistance à domicile" (op. cité). D'autre part, "les hôpitaux généraux libèrent les mendiants internés lorsqu'il n'y a plus d'argent" (op. cité). Mieux, dans les hôpitaux de taille modeste, les mendiants sont accueillis contre la promesse... qu'ils iront mendier leur pain dans la journée et il était fréquent les recteurs de ces établissements trafiquent leurs registres d'entrée pour afficher un plus grand nombre de pauvres enfermés qu'ils ne l'étaient en réalité, sans compter qu'on recueillait principalement les pauvres de la ville, les enfants trouvés et les vieillards, et non les vagabonds étrangers, avec l'idée, en particulier, de protéger les ouvriers pendant des périodes difficiles, afin que, "la prospérité revenue, la main d'œuvre ne manque pas" (op. cité). A tout cela s'ajoutent les oppositions, les bagarres ou les agressions fréquentes contre les archers, qui "étaient des gestes de refus qui traduisaient une solidarité des humbles, l’entraide de proximité entre gens de peu restant la meilleure protection minimale au sein d’une société qui les plaçaient au plus bas de la cascade du mépris" (Broad ; Mantecón ; Saupin, 2006 ). Et il n'y avait pas que les laïcs qui défendaient les mendiants, mais aussi des religieux que cette pratique horrifiait, l'exemple le plus emblématique étant sans doute celui de saint Vincent de Paul, qui suscitera nombre de compagnies et confréries de charité pour venir en aide aux plus pauvres.
Il faut aussi préciser que l'enfermement est assez multiforme et ne se résume pas aux établissements qui lui sont spécifiques. Ainsi, il y a tout au long de l'Ancien Régime, le souci de sortir l'enfant de la rue. On enlève des enfants pauvres à leurs parents et on les place dans diverses maisons religieuses. On peut aussi faire que les horaires, les programmes des écoles de charité soient si lourds que les enfants sont presque perpétuellement enfermés sous surveillance, sans parler du contrôle de la bonne moralité de leurs parents. On le voit donc, on ne peut dissocier alors dans la domination sociale des pauvres l'enfermement du contrôle, de la surveillance générale de cette population. Il n'est pas rare non plus que la forme carcérale, militaire et morale de l'hôpital, celui qui soigne, cette fois, l'hôtel-Dieu, accueille, à côté de pauvres malades, des personnes qui n'y ont pas leur place, comme des enfants trouvés ou des vieillards (Gutton, 1991).
Le système de l'enfermement se présente donc comme un système de profonde déshumanisation, de désindividualisation, assez chaotique, par sa manière de grouper, d'entasser les pauvres : "A Paris, en 1656, l’Hôpital loge plus de 6 000 mendiants, tous habillés en gris et numérotés" (Fossier, 2002). Il est surtout organisé de manière pénitentielle, à la fois pour punir les pauvres en permanence de leurs prétendues fautes, en leur infligeant toutes sortes de vexations et de punitions, tout en essayant de rectifier leur conduite par tout l'arsenal moral à disposition de l'Eglise.
Le Grand Renfermement,
Dépôts de mendicité et maisons de force
Progressivement, nous l'avons vu, par la stigmatisation, l'enfermement, et bientôt la diffusion dans l'espace public de thèmes associant mendiants, vagabonds et bandits, comme la rixe des pauvres (mendiants, musiciens, etc.) dans la peinture, (cf. Chevalier, 1958), vont changer les mentalités et durcir la vision générale de la société envers les pauvres. En 1709, un administrateur normand témoigne ainsi à sa manière de cette nouvelle vision des choses : "il faut advouer que c'est un terrible bétail à gouverner" (Gutton, 1974). Paradoxalement, c'est souvent à partir de l'idée de liberté, de sa protection, que se forge l'idée de l'enfermement.
David Hume (1711-1776) dans The History of England (six volumes publiés entre 1754 et 1762, publication intégrale de Millar, Londres en 1762) le conçoit ainsi, tout en admettant la "difficulté à concilier une telle liberté avec la police régulière d'un État, et spécialement avec celle des grandes cités." (Quétel, 1981).
On a là une traduction de la préoccupation des élites de protéger la liberté des gens "honnêtes", dans la norme, de tous ceux qui sont susceptibles de la menacer. Cette préoccupation était encore plus prégnante en Grande-Bretagne, "où se côtoient dès le XVIe siècle ascension sociale et paupérisation, ceci impliquant souvent cela." (op. cité).
Le pouvoir central renforce son autorité sur les généralités (circonscriptions financières) par la Déclaration Royale du 18 juillet 1724, en posant le principe d'une participation royale aux charges d'assistance. La centralisation de l'enfermement permet d'établir des casiers judiciaires et de traquer les récidivistes, mais la réforme sera un échec, car les administrations des hôpitaux négligent les procédures pour toutes sortes de raison : manque de personnel, surcroît de travail, à quoi s'ajoutent "les résistances psychologiques et culturelles" que Jean-Pierre Gutton met à jour "à travers l'attitude des autorités qui étaient parties prenantes dans exécution des mesures royales : brigades de maréchaussée, prévôts des maréchaux, bureaux des hôpitaux" (Chartier, 1975), les forces de police préférant mettre en état de nuire des voleurs, des contrebandiers ou des déserteurs, plutôt que des mendiants. Quant aux administrateurs des hôpitaux, ils écourtent la détention des malheureux, cachant le plus souvent la récidive aux autorités judiciaires. Les recteurs qui freinent le pouvoir le font à la fois parce qu'on ne donne pas à l'administration le moyen des ambitions déclarées, mais aussi parce que ces hommes et ces femmes ne sont pas des criminels : "Le vagabond le plus souvent est un émigrant temporaire ou un petit marchand itinérant en peine de quelques sous, le mendiant soit un adolescent abandonné soit un travailleur urbain victime de l'âge, de la maladie, parfois de la conjoncture." (Chartier, 1975). Le nouveau contexte de 1724 incite d'importants agents de l'Etat à établir des enquêtes. Charles Gaspard Dodun, marquis d'Herbault, contrôleur des finances de Louis XV entre 1722 et 1726, enquête en particulier sur les hôpitaux choisis pour l'enfermement des mendiants, et Daniel-Charles Trudaine crée des manufactures pour y faire travailler aussi bien mendiants et enfants de l'hôpital, qu'ouvriers libres qui retrouvent leur domicile après leur journée de travail.
Dans le même temps, se multiplient les établissements appelés des maisons de force, le plus souvent religieuses, où depuis le début du XVIIe siècle déjà, "les familles avaient commencé à envoyer en correction leurs fils et filles indignes ou libertins, leurs mauvais maris ivrognes, violents, dilapidateurs, leurs mauvaises épouses débauchées, leurs veuves, souvent jeunes encore et tentées par la mésalliance, leurs cryptodélinquants en passe de tomber sous le coup de la justice et de leur causer honte et déshonneur, leurs fous enfin." (Quétel, 2012 : 131-164). A Maréville près de Nancy, Saint-Denis ou Charenton près de Paris, au Bon Sauveur à Caen, au Mont-Saint-Michel, à Chalons en Champagne, Bourg (en Bresse), Tours, Bordeaux, etc., on enferme toutes sortes de pauvres marginaux accusés de "coquinisme", une notion fourre-tout de tout ce qu'on considère comme des dangers pour la société : "vénériens", "vénériennes", "galeux" ou "galeuses" porteurs de maladies vénériennes ou de la gale, libertins, libertines, voleurs, ivrognes, "déviants" sexuels ou asociaux (dissipateurs de biens, mésalliances...), prostitués, handicapés mentaux, enfants prodigues, épouses indignes, etc. Les maisons de force font bien partie du système judiciaire, commandées par des commissaires, des intendants royaux, et à Paris, c'est le Lieutenant général de police qui en a la plus haute autorité, lui qui gère par ailleurs presque toute la capitale, de la voirie à la vente d'huîtres, avant les réformes hospitalières de Necker, qui créera le poste d'Inspecteur général des hôpitaux civils et maisons de force.
La Déclaration Royale du 10 octobre 1750 confirme celle de 1724, mais un tournant est pris par les lois du 3 août 1764 et du 21 octobre 1767, prises à l'initiative du Contrôleur Général Clément Charles François de L'Averdy, marquis de Gambais, et qui envisage de nouvelles maisons de force, des dépôts prévus pour "contenir les mendiants que les recteurs d’hôpitaux refusaient de recevoir. Ces dépôts devaient contenir tous les vagabonds et gens sans aveu qui ne pouvaient pas être envoyés aux galères à cause de leur sexe ou leurs infirmités d’une part, et les mendiants de profession arrêtés à plus de deux lieues de leur domicile en train de mendier et qui ne pouvaient être poursuivis extraordinairement." (Legay, 2012). On le voit bien ici, les nouvelles dispositions permettent d'enfermer les pauvres au moyen d'un élargissement des critères de répression, permettant d'incriminer l'ensemble des mendiants et des vagabonds qui ne sont pas "de bons pauvres domiciliés connus de tous et dignes d’être secourus des paroissiens selon les modalités traditionnelles." (op. cité). Mais ces nouvelles dispositions avaient un coût que l'autorité royale voulait faire peser sur les provinces, et qui étaient beaucoup critiquées, non seulement financièrement, mais socialement. Les Bretons dénoncent un régime "abusif en ce qu’il soustrait les malheureux détenus aux lois et aux Magistrats et les soumet à un despotisme le plus souvent exercé par des subalternes" (Archives Nationales, H¹ 927, pièce 101), les Provençaux dénoncent la situation des "mendians entassés dans des chambres très petites y avoient respiré un air tellement infect qu’il avoit régné parmi eux une espèce d’épidémie continuelle qui avoit forçé d’ordonner l’évacuation du dépôt." (Archives Nationales, H¹ 1417), etc... Cette situation chaotique durera pendant tout le XVIIIe siècle et le manque chronique de fonds alloués au traitement de la mendicité (capture, nourriture, entretien, translation des mendiants, agrandissements d'établissements, etc.) fera "échouer les politiques de confinement des mendiants" (Legay, 2012).
Tout cela n'empêche pas, bien entendu, l'ensemble des hommes et des femmes concernées de subir ou de craindre en permanence les menaces et les actions conduites contre eux. De 1764 à 1789, les dépôts de mendicité deviennent les principaux lieux d'enfermement des mendiants et des vagabonds. Il en existera au moins 500 dans tout le Royaume de France (une quarantaine rien que pour la Généralité de Caen en 1785) et il n'est pas rare que le dépôt de mendicité se double d'une maison de force, qui sont parfois installées au sein même de l'Hôpital général, comme à la Salpêtrière ou à Bicêtre et qui, pour un certain nombre, connaîtront en plus de la violence, de "graves problèmes de salubrité" (Peny, 2011). Du reste, la distinction entre les deux "est purement théorique, et ce n'est pas par hasard que Beaulieu [dépôt de mendicité, NDA] est souvent appelé « Bicêtre », à l'instar de la grande maison de force parisienne." (Quétel, 1981). Néanmoins, pour le successeur de Turgot au contrôle général des finances en 1776, Jean Etienne Bernard Clugny de Nuits (1729-1776), "Il ne doit rester dans les dépôts que certains mauvais sujets qu’il faut faire travailler durement pour leur faire passer le goût du renfermement et par suite de la fainéantise." (in Musset Jacqueline, "L’intendance de Caen : structure, fonctionnement et administration sous l'intendant Esmangart, 1775-1783", Condé-sur-Noireau, C. Corlet, 1985, p. 129). Et en effet, "le régime intérieur des dépôts de mendicité est sévère et se rapproche de celui des maisons de force. Il est vrai que leur vocation est d’accueillir des gens dont on s’imagine qu’ils sont en grande partie responsables de la situation dans laquelle ils se trouvent." (Peny, 2011).
Mais en réalité, les dépôts de mendicité n'ont pas seulement servi qu'au système pénitentiel. Face à "une population dans un état de détresse physique ou mentale qui l’empêchait bien souvent de subvenir par elle-même à ses besoins...les dépôts ont dû développer une fonction d’assistance ; et celle-ci n’a cessé, par la suite, de prendre de l’importance. Les dépôts en arrivèrent à former, en certains endroits, de véritables espaces d’accueil et de traitement pour des catégories d’individus défavorisés, notamment pour les insensés. C’est ainsi qu’ils devinrent un instrument de bienfaisance publique et même une « pièce maîtresse de l’organisation de l’assistance en France » avant 1789² (...) [2] Gutton Jean-Pierre, La société et les pauvres en Europe (XVIe-XVIIIe siècles), Paris, PUF, 1974, p. 173." (Peny, 2011). Cette orientation médico-sociale sera confirmée par le médecin Jean Colombier (1736-1789, inspecteur général des hôpitaux, dépôts de mendicité et prisons en 1780, dans le cadre des réformes de Necker, par un règlement général de 135 articles (op. cité). Mais la réalité est bien différente, car aux handicapés mentaux ("les insensés"), les pensionnaires les plus stables des établissements, se joignent une population fragile, bien plus mouvante et des plus hétéroclites, semblable à celles des hôpitaux généraux : "Aux côtés des pauvres, prostituées, mendiants et vagabonds valides –déjà concernés par les programmes d’enfermement développés depuis le début du XVIIe siècle– sont enfermés des sujets libertins, des enfants de famille égarés (ou devenus gênants), des vieillards, des individus « hors d’état de gagner leur vie », des journaliers ou des militaires démobilisés (parfois estropiés), des épileptiques, des vénériens, des infirmes […] des malades que l’on ne peut transférer aux hôtels-Dieu. Parmi ces derniers se trouve notamment un fort contingent de fous." (Peny, 2011).
Le dépôt de mendicité aura ensuite tendance à se médicaliser, devenant progressivement une sorte d'asile d'aliénés, entre hôpital et prison, et dans les années 1790, un certain nombre d'établissements décident d'opérer un accueil très sélectif de leurs pensionnaires. Ainsi, le règlement du dépôt de mendicité d'Alençon, dès 1791, prévoit de ne recueillir que
"les furieux, les fous, les imbéciles et les vagabonds" (op. cité) ; ceux de Lyon ou de Limoges, quant à eux, décident, à partir de 1796, de ne recueillir que des insensés difficiles et dangereux. Les dépôts de mendicité, pour beaucoup, continueront de fonctionner après la Révolution et pendant l'Empire, et, par ailleurs, les maisons de force, seront encore admises par l'Assemblée Constituante.
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